HÉ ! TOI LÀ-BAS


Hé, toi là-bas dans la rue !
T'as du poil touffu mais t'es tout foutu
Hé, toi là-bas dans la rue !
T'as bien vécu, mais sans écus t'en peux plus

Ton père, ta mère, ils t'ont laissé tombé
Quand tu tétais et sirotais encore du lait
Ton frère, ta sœur, eux n'ont pas mal tourné
C'est qu'ils avaient pensé à garder le lait au frais

Hé, toi là-bas dans la rue !
C'est pas l'été, qu'est-ce que tu fous tout nu ?
Hé, toi là-bas dans la rue !
J'crois bien qu'tu cherches une place d'hiver à l'asile

Ton père, ta mère, un jour ont disparu
Mais dès qu'ils t'ont revu, ils ne se sont pas reconnus
Ton frère, ta sœur, que t'as jamais connu
Font ceux qui mine de rien n'en ont jamais rien su

Allez bois un bon coup, même si t'es pas de la cloche
T'as loupé le coche, ça, c'est moche mais écoute donc ces croches
Raccroche, décroche car toi t'as un portable au moins
T'as plus que ça dans la vie mais ça c'est un truc valable !

Ta maison est dans la petite boîte
Ton hôtel c'est les rues de la ville
Civil, tranquille et hostile tu rempiles
Sur les trottoirs dépotoirs et dans la crotte de chien
Chien-chien, chat-chat et les animaux comme toi
Errants, fuyants et même sans brosse à dents
Les rats lassés et tous les scélérats
Se rient de toi, t'es bas car toi t'as pas voté

Hé, toi là-bas dans la rue !
T'y avais cru à cet amour déçu
Hé toi là-bas dans la rue !
Tes comptes rendus c'est tes repas rendus
Un mauvais cru, un tord noyau
Dans les boyaux pour tout joyau,
Et tu t'envoies en l'air, les pieds cloués au sol
Ad libitum sur le bitume où tu t'enrhumes

 

(Ladzi Galaï, Paris, novembre 2000)